Ron Mueck's monumental skulls at the Fondation Cartier A vision of the journey of life and the human condition
A la Fondation Cartier, les crânes monumentaux du sculpteur Ron Mueck
Entre scènes de vie et de mort et compositions de groupe, l’artiste australien montre l’évolution de sa pratique sculpturale, où la forme vient l’emporter sur l’abondance de détails.
Par Emmanuelle Jardonnet
Des montagnes de crânes humains géants et l’égorgement d’un cochon en miniature, un nouveau-né XXL à plat et un autre minuscule en suspens, des molosses agressifs et un petit homme mis à nu : l’énumération des œuvres à découvrir dans la nouvelle exposition de Ron Mueck, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, à Paris, a quelque chose d’une formule ésotérique. L’ensemble, pour moitié des œuvres récentes, offre en tout cas un contrepoint aux scènes et corps ultraréalistes présentés dans les deux premières expositions de l’artiste dans les lieux, en 2005, puis en 2013, avec un détachement sensible de l’exactitude de la chair et un intérêt accru pour l’énergie de groupe. (...)
L’installation a marqué un tournant dans la carrière de Ron Mueck, qui jusque-là s’attachait à reproduire sur ses sculptures une abondance de détails, du grain de la peau à l’implantation des cheveux ou à la conception des vêtements, pour obtenir un effet de réel saisissant. Il se focalise désormais sur la forme, la composition et le mouvement, et sa pratique évolue vers une certaine épure, inattendue. En garde, œuvre au titre français conçue à l’occasion de l’exposition, témoigne de cette évolution. Il s’agit de trois énormes chiens noirs regardant dans la même direction, celle des visiteurs, prêts à l’attaque. Rien d’hyperréaliste dans leur traitement : les corps sont lisses, monochromes et peu détaillés, hormis la forme des côtes et la tension des muscles, concentrant l’attention sur l’intensité de la posture du groupe, sans distractions. (...)
« Ron Mueck », à la Fondation Cartier, 261, boulevard Raspail, Paris 14e. Jusqu’au 5 novembre.