Jonathan Lasker's exhibition "New Paintings" Review
By Judicaël Lavrador
Sur l’un de ses tableaux exposés à la galerie Thaddaeus Ropac, Jonathan Lasker a peint son nom en gros, d’une écriture enfantine, avec les initiales en majuscules cursives comme à l’école. (...) Sur les toiles, il y a tout un éventail de formes et de motifs (géométriques ou pas) ainsi qu’une variété de types de coups de brosse : le pinceau pressé qui fait des gribouillis, le pinceau surchargé qui beurre généreusement la surface et le pinceau premier-de-la-classe qui colorie sans dépasser. Ça pourrait virer à la foire d’empoigne si tout ce petit monde ne se tenait à bonne distance les uns des autres. Chez Lasker, on ne se mélange pas trop. On ne franchit pas le Rubicon des intervalles blancs qui délimite la zone réservée à chacun.
(...)
N’empêche, le terrain, le tableau reste fort parcellisé. Chacune des formes cultivant son bout de toile comme il l’entend, c’est-à-dire en suivant une stratégie picturale différente. La peinture de Lasker se verrait alors comme une mise à plat, une mise en crise, un inventaire des différents moyens et de l’histoire de la peinture, avant liquidation totale du médium, plus capable de se décider pour une forme plutôt que pour une autre, ni surtout pour une composition unie. Comme si le peintre avait fait son casting, réuni ses acteurs sur scène (certains motifs ressemblent à des têtes), et les avait laissés, sans plus d’instruction, pour que surgisse là le spectacle truculent des brouilles, des compromis, des échanges de bons procédés entre coups de pinceaux. Soit le spectacle d’une peinture comiquement et courageusement livrée à elle-même.