Elizabeth Peyton, pastel en fête Libération reviews her recent portraits
By Judicaël Lavrador
Il a les traits tirés, la barbe en broussaille, les sourcils froncés, le regard déterminé autant qu’inquiet. C’est un petit portrait de Volodymyr Zelensky, daté du mois d’avril et présenté avec une poignée d’autres dessins ou peintures dans l’exposition d’Elizabeth Peyton. La New-Yorkaise l’a tracé à légers coups de crayon et de pastel bleus, rehaussés de magenta, en laissant le blanc du papier traverser en plein d’endroits le visage du vaillant leader ukrainien. Cette image, étincelante et tremblante, réalisée d’après une photographie, s’imprègne de la même proximité émue et caressante que l’artiste américaine entretient, depuis ses débuts au milieu des années 90, avec tous ses modèles. (...)
A la galerie Thaddaeus Ropac (...) Elizabeth Peyton ne cisèle pas les visages de ses personnages. Elle les mouchette de couleurs pastel, les survole de coups de pinceaux qui vont et viennent en pointillé, sur la toile, en prenant régulièrement ses distances avec celle-ci, avant d’y revenir, puis à nouveau de ne plus la toucher. Comme si l’artiste ne voulait pas déranger ses figures mélancoliques, ni mettre le grappin dessus. Cela donne des sujets dont l’enveloppe charnelle (et peut-être le poids de la célébrité) s’évapore légèrement, sous l’effet de cette peinture vaporeuse qui préfère papillonner avec eux et leurs pensées. Sans doute, les œuvres peuvent avoir l’air de tendres bluettes picturales, d’autant que deux toiles dépeignent un bouquet efflorescent aux pétales violets apportant la touche florale finale. Et un peu de tendresse dans un monde de brutes.