Image: Miquel Barceló: a painter with the sea for horizon
André Morin, 2020/Miquel Barcelo/ADAGP Paris 2004
Featured in Le Figaro

Miquel Barceló: a painter with the sea for horizon A conversation with Le Figaro on the occasion of two exhibitions in Chaumont-sur-Loire and Barcelona

28 May 2024

By Valérie Duponchelle

Le peintre majorquin est ancré à Paris où son atelier forme un dédale de pièces, digne de Port Lligat, l’univers de Dalí près de Cadaqués. Mais les Baléares le rappellent souvent au bord de la Méditerranée où il puise l’inspiration de ses immenses tableaux comme volés à la nature.

Miquel Barceló, natif de Felanitx en 1957, est un être à part, ancré dans la terre qu’il sculpte, le regard happé vers le ciel et la mer dans laquelle il plonge, comme on respire, et d’où jaillissent ses motifs. «De ma fenêtre à Majorque, je vois la mer, je vois s’il fait beau pour aller à la pêche ou pas. S’il fait beau, je suis ravi. S’il doit pleuvoir, je suis ravi aussi, car on manque toujours de pluie. Je regarde d’où vient le vent. Puis je vois mes deux chiens, Ouma et Dua, qui courent sur la grande terrasse circulaire où autrefois on séparait la paille du grain de blé. Dans mon livre De la vida mía (Mercure de France), j’ai publié la liste de tous les chiens que j’ai eus, je me fous un peu des races, je suis attaché à ce qu’ils sont. J’aime beaucoup une fenêtre, c’est un tableau. J’ai peint beaucoup de tableaux avec fenêtres et portes. J’aime bien le rapport de l’histoire de l’art avec la fenêtre. Je veux peindre la lumière, pas la fenêtre.

À Paris, mon atelier de dessin est sous verrière, j’aime cette lumière océanique, magnifique, toujours la lumière parfaite, jamais le soleil direct. Cézanne disait que la meilleure lumière pour la peinture, c’était le ciel gris de Paris. Et puis, il s’est barré en Provence, et moi aussi! (rires). Quand j’étais très jeune, j’aimais l’atelier de Delacroix, la définition du bonheur et l’intelligence du peintre. Pas les ateliers en forme de hangars des artistes chinois avec 40 assistants, je trouve ça sinistre. Pour moi, l’atelier idéal est assez grand pour les tableaux. Et, à côté, il y a de petites salles avec un piano, des livres, du champagne et des amis. Dans leur Journal, les Goncourt racontent qu’ils voyaient l’atelier de Delacroix par la fenêtre. C’était l’été. Tout était ouvert. Delacroix dessinait un cheval, estompait le dessin de la main. Ses amis, dans le salon, fumaient, le regardaient dessiner, entendaient le crépitement du fusain sur le papier. Après dix minutes, voilà! Et les amis avaient tous applaudi. J’aime cette histoire, même si ce récit est improbable. C’est la beauté de l’imaginaire et de l’écriture.»

«La Grotte Chaumont», œuvre monumentale (8 tonnes de céramique) pérenne de Miquel Barceló, à voir au Domaine de Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher).

«Barceló. Cerámicas. Todos somos griegos» («Nous sommes tous grecs»), rétrospective, La Pedrera-Casa Milà, Barcelone, jusqu’au 30 juin.

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