Alvaro Barrington's journey into memory Patrick Javault reviews the artist's 'out-of-common exhibition' in Paris
« They Got Time : You Belong To The City » est un projet hors normes. Alvaro Barringnton a pu rêver d’une exposition où faire revivre son enfance à Brooklyn et la relier à une lecture très personnelle du Livre des passages de Walter Benjamin.
Dans cette exposition en trois chapitres, le point de départ est donné par Breakfast at Tiffany’s dans une version retouchée de la photo d’Audrey Hepburn en arrêt devant une célèbre vitrine. Derrière un rideau de chaînes (Chainging), des rideaux de fer de boutique tirés, comme des tableaux, dont un chromé. C’est comme un prélude minimaliste avant d’entrer dans une longue allée de boutiques ou de boxes avec reprise du motif du rideau de fer. Dans ces boxes, sont élevées des sortes d’autels à quelques-uns des héros ; dessins d’après photo d’Andy ou de Tupac, photos de Tina Turner, phrases en néon. Les cadres mêlent motifs floraux, matériaux précieux ou semi-précieux.
La dernière étape de ce voyage dans la mémoire nous fait passer de la rue au jardin. Les autels ont été édifiés à l’intérieur d’arcades en grillage d’acier couvertes de lierre grimpant. À l’intérieur, des portraits de joueur de baskets célèbres, ou d’Eddie Murphy, roi de pique, dans le style graffiti. Alvaro Barrington expérimente en appliquant du pastel sur du béton, en fabriquant des sortes de vitraux avec des caisses d’épicerie en plastique, de l’acier, du verre et du laiton. On voit des joueurs s’étreindre avec une ferveur quasi religieuse sous une composition fleurie.
Sans craindre de se conformer en apparence à une certaine image de l’artiste haïtien-américain, Alvaro Barrington nous montre aussi que son identité est plurielle et que le hip-hop n’est pas qu’affaire de citation et peut définir un style et un art de faire. Chose rare, il parvient à croiser la rue et le luxe sans tabler ni sur l’excès ni sur la dérision, sans s’épargner une réflexion sur gloire et succès.
Translation:
"They Got Time: You Belong To The City" is an extraordinary project. Alvaro Barringnton may have dreamt of an exhibition in which he could revive his childhood in Brooklyn and link it to a very personal reading of Walter Benjamin's book Arcades Project.
In this exhibition in three chapters, the starting point is Breakfast at Tiffany's, in a retouched version of the photo of Audrey Hepburn standing still in front of a famous shop window. Behind a chain curtain (Chainging), shop iron curtains are drawn, like paintings, one of them chrome. It's like a minimalist prelude before entering a long alley of shops or boxes with a repeat of the iron curtain motif. In these boxes, altars of sorts are raised to some of the heroes; drawings from photos of Andy or Tupac, photos of Tina Turner, neon phrases. The frames are a mixture of floral motifs and precious or semi-precious materials.
The final stage of this journey down memory lane takes us from the street to the garden. The altars have been built inside steel mesh arcades covered in climbing ivy. The interior houses graffiti-style portraits of famous basketball players and Eddie Murphy, King of Spades. Alvaro Barrington experiments by applying pastels to concrete and making stained-glass windows out of plastic grocery boxes, steel, glass and brass. We see players embracing with an almost religious fervour beneath a flowery composition.
Without being afraid of conforming to a certain image of the Haitian-American artist, Alvaro Barrington also shows us that his identity is plural and that hip-hop is not merely a matter of quotation, but can define a style and an art form. In a rare feat, he successfully blends street and luxury without relying on either excess or derision, and without sparing any reflection on fame and success.