Han Bing: got heart Exhibition review by Olivier Cena
La chronique d'Olivier Cena
Elles ont à peu près le même âge. Mireille Blanc est née en 1985 et Han Bing en 1986. Elles sont peintres. Voilà apparemment leurs seuls points communs car l’une est française et l’autre chinoise, l’une pratique une peinture figurative et l’autre plutôt abstraite, même s’il s’y glisse çà et là quelques détails reconnaissables. (…)
Dans la peinture de Han Bing rien ne brille — ou si peu de choses. Elle est faite d’aplats de couleurs vives parfois, mais sans brillances excessives. Si celle de Mireille Blanc se situe dans une tendance très actuelle (la figuration, le quotidien), celle de Han Bing nous surprend : elle nous ramène soixante ans en arrière, vers les affiches lacérées des nouveaux réalistes Jacques Villeglé (1926 - 2022) et Raymond Hains (1926 - 2005), de l’italien Mimmo Rotella (1918 - 2006) ou du danois Asger Jorn (1914 - 1973). Mais Han Bing ne les retire pas des panneaux publicitaires comme le firent ses aînés, elle les peint. C’est alors la deuxième référence venant à l’esprit : la figuration narrative, plus précisément certains tableaux d’Hervé Télémaque (1973 - 2022) en raison des aplats colorés et de la composition morcelée.
(…) les affiches lacérées que Han Bing photographie dans les rues décident aussi de la composition de ses tableaux. La peintre chinoise aime les jeux de hasard. Lorsque les lacérations aléatoires lui conviennent, elle en isole un fragment qu’elle reproduit sur la toile, s’inspire de ses coloris, et revient sur l’ensemble en ajoutant ou préservant quelques parties figuratives (le bout d’un roller posé sur un skateboard, par exemple, ou un petit Mickey Mouse) chargées de fournir à l’œuvre la troisième et indispensable référence contemporaine : le pop art. (…)
Translation :
The Olivier Cena Chronicle
They are about the same age. Mireille Blanc was born in 1985 and Han Bing in 1986. They are both painters. That seems to be the only thing they have in common, as one is French and the other Chinese. One paints figuratively and the other abstractly, even if some recognisable details slip in here and there. (...)
In Han Bing's paintings, nothing shines - or very little. It is made up of flat areas of sometimes bright colours, but without excessive brilliance. While Mireille Blanc's work is part of a very contemporary trend (figuration, the everyday), Han Bing's takes us by surprise: it takes us back sixty years, to the torn posters of the New Realists Jacques Villeglé (1926 - 2022) and Raymond Hains (1926 - 2005), the Italian Mimmo Rotella (1918 - 2006) or the Dane Asger Jorn (1914 - 1973). However, Han Bing doesn't take them off the billboards like her predecessors, she paints them. The second reference that springs to mind is narrative figuration, and more specifically certain paintings by Hervé Télémaque (1973 - 2022), because of their flat coloured surfaces and fragmented composition.
(...) the torn posters that Han Bing photographs in the streets also determine the composition of her paintings. The Chinese painter loves games of chance. When the random lacerations suit her, she isolates a fragment which she reproduces on canvas, drawing inspiration from its colours, and returns to the whole by adding or preserving a few figurative parts (the end of a roller on a skateboard, for example, or a small Mickey Mouse) responsible for providing the work with the third and essential contemporary reference: pop art. (...)