David Salle’s exhibition 'Tree of Life' in Paris Review by Olivier Cena
Que peindre ? La question hante l’artiste contemporain (...) II y a soixante ans, le pop art y a répondu à sa manière : n’importe quelle image ordinaire. Ainsi est né le deuxième degré : plutôt que de peindre un arbre, je peins l’image d’un arbre,
Et ce deuxième degré domine la peinture actuelle - rares sont les jeunes peintres qui ne regardent pas le monde à travers un écran. Le réel s’éloigne. Notre monde - et la perception que nous en avons se numérise. Certains artistes s’en inquiètent ; d’autres l’ignorent ; la plupart suivent le mouvement. Et quelques-uns, plus malins, en profitent. C’est le cas de l’Américain David Salle. II y a, dans un tableau de David Salle, tous les ingrédients nécessaires à la confection d’une œuvre actuelle. En premier lieu la fidélité au pop art, dont le peintre est l’un des derniers adeptes. (…)
« Si je veux je peux », semble-t-il nous dire avec cette ironie propre à ceux qui voudraient bien pouvoir. Le talent fait qu’avec sa dimension décorative, distrayante, séduisante même, le tableau, composé de tous ces ingrédients, fonctionne. (...)
Les tableaux fonctionnent donc comme des illustrations. Dans les derniers, le peintre américain place au premier plan, traversant le diptyque, un arbre, réduit par l’absence de lumière à un simple signe balourd (Tree of Life) (...)
Il porte sur l’art un regard distancié et amusé qui est le propre d’une certaine attitude contemporaine. II accumule les images glanées çà et là et fabrique des tableaux - bien, même. Et le grand avantage de la fabrication, c’est qu’elle évacue l’embarrassante question du désir : que peindre ?