Miquel Barceló: "When I want to paint a western, it ends in melodrama". Radio interview by Marie Richeux for "Par les temps qui courent"
Le peintre espagnol Miquel Barceló est l'invité de Marie Richeux dans "Par les temps qui courent" pour son exposition "Grisailles" à la galerie Thaddaeus Ropac à Pantin.
Miquel Barceló mélange les techniques de dessins au fusain et rouleau de peinture sur de grandes toiles qui apparaissent comme des architectures de son espace mental. Dans "Grisailles" le plasticien espagnol explore sa peinture comme "pure pensée". La grotte Chauvet, les animaux ainsi que la nature morte sont au cœur de cette exposition, comme la toile issue de la même série exposée au Louvre dans le cadre de l’exposition collective « Les choses, une histoire de la nature morte » qui se tient jusqu’au 23 janvier.
Un art pariétal contemporain
"Mon travail est une conversation avec la peinture occidentale, mais aussi, avec la peinture des cavernes et l’art pariétal. Je pense souvent que ma carrière est une course en arrière. Dans les années 82-83, ma peinture était celle d’un artiste européen contemporain, maintenant, je me considère comme un artiste beaucoup plus proche de l’art pariétal d’il y a 15 ou 20 mille ans. Comme le temps n’existe pas et que tout est contemporain, alors je revendique le fait d’être contemporain des grottes de Chauvet."
Un rapport destructeur à la peinture
"Tous les jours, j’efface des tableaux, ou tout du moins une partie, j’ai du mal à m’arrêter de le faire car j’adore ça. Quand j’étais en Afrique, je faisais des feux avec mes tableaux, je trouvais ça très beau, et quand je suis dans mon atelier à Majorque, j’utilise mes toiles comme combustible pour faire des céramiques. J’ai donc souvent un rapport violent avec mes peintures, je mène une bataille avec elles. Pour « Grisailles », j’ai beaucoup cherché, je suis revenu de nombreuses fois sur les tableaux et j’ai enlevé beaucoup de choses au lien d’en ajouter : j’ai enlevé des couleurs, effacé des éléments. Finalement, beaucoup de ces tableaux sont des effacements."
L’importance de faire
Ce que je veux créer, ce n’est pas tellement important, ce qui est important, c’est ce qui se passe. La peinture ce n’est que "faire" : faire, défaire, refaire, tout tourne autour de ce mot. Il faut être à l’atelier, et les choses se passent, ou pas. On attend, on efface, on n’efface pas, mais dans tous les cas, on fait.
Archives
Francis Bacon interviewé par François Leyritz, 21/01/1977
Jean Dubuffet, émission Peinture fraîche, Jean Daive, France Culture, 09/09/1998
Georges Braque, émission Couleurs de ce temps, Alain Trutat, RTF, 08/08/1953
Antoni Tapiès, émission Entretien avec, Jean Daive, France Culture, 22/01/1985
Joan Miro, émission Couleurs de ce temps, Alain Trutat, RDF, 19/01/1951