Alex Katz: le long fleuve tranquille de la peinture
By Judicaël Lavrador
L’œil pétillant, le teint hâlé, le pied alerte malgré ses 94 ans, l’homme tient une forme épatante. À croire que la peinture conserve, autant le corps (fluet mais vigoureux) que l’esprit (vif et malicieux). Nous rencontrons Alex Katz dans le splendide espace de la galerie Thaddaeus Ropac à Pantin, baigné ce samedi-là dans la lumière jaune d’un soleil de septembre qui illumine une cinquantaine de paysages aquatiques.
Il fait ce qu’il veut des questions posées, digressant plus volontiers sur les poètes new-yorkais des années 1950–1960 et sur Machito, pointure de la musique afro-cubaine à la même époque, ou plaisantant sur la nuée de moustiques qui l’accompagne dès qu’il part peindre en bord de rivière, dans le Maine, où il travaille assidûment, chaque été, dans un périmètre fort réduit : « 2 km2 autour de sa maison de Lincolnville », précise Éric de Chassey, commissaire de l’exposition et directeur de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA).
Tout cela en dit déjà beaucoup sur l’artiste, sa manière de peindre les gens (on le connaît surtout comme portraitiste) et le paysage, donc, puisque c’est sur ce genre pratiqué par Katz depuis les années 1950 que l’exposition braque ses feux. Tout chez lui – sa peinture, l’art et la manière de sentir les choses, son tempérament – est, selon son propre terme, « cool », le mot désignant ce détachement, pas froid, frais plutôt, distant, posé et finalement amène qu’il s’agit d’avoir face au monde et aux gens qui vous entourent. (...)