Image: 'The Musée d'art moderne de Paris honours Hans Josephsohn'
© Succession Hans Josephson, MAM, PAris 2024,
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'The Musée d'art moderne de Paris honours Hans Josephsohn' A Review by Etienne Dumont

12 October 2024
Musée d'art moderne de Paris

By Etienne Dumont

'Né en Allemagne, le sculpteur a travaillé en Suisse alémanique de 1940 à sa mort en 2012. Il devient lentement une gloire internationale.

C’est une victime collatérale de la bombe atomique. Le Musée d’art moderne de la Ville de Paris a inauguré simultanément deux expositions le 11 octobre, comme cela se révèle souvent le cas. La grande est supposée nourrir en public la petite, qui se situe sous les toits. Comme il n’y a actuellement pas grand monde en bas, personne ne vient logiquement découvrir le sculpteur Hans Josephson, ici qualifié de «Suisse». Comme l’homme est né en 1920 à Königsberg, dont les Soviétiques ont fait Kaliningrad en 1945, il s’était vu qualité de «Russe» lors de la petite rétrospective que lui offrait en 2013 la Biennale de Venise, quelques mois après sa mort à Zurich. Organisé dans l’Arsenale, l’hommage avait fait date pour cet artiste, qui aura eu de la peine à éclore sur le plan international.

Défendu par Albert Oehlen

Josephson se retrouve ainsi pour la première fois en grand à Paris, où le défend de manière posthume le galeriste Thaddaeus Ropac. Notons cependant que le plasticien jouit ici d’un parrain, puisqu’il se voit présent par le peintre Albert Oehlen, promu commissaire. Un travail qu’il n’assure pas pour la première fois. Je vous ai parlé de la présentation de sa propre collection que l’Allemand avait organisée au MASI de Lugano en 2021. Oehlen possède du reste avec sa femme l’unique pièce présente de Josephson qui ne soit pas tirée du Kesselhaus de Saint-Gall, où se trouve l’essentiel de l’œuvre de l’artiste même si ce dernier dispose d’un autre musée privé au Tessin. La présentation qu’il a voulue a Paris se révèle pour le moins sobre. Des murs tout blancs. Pas de texte, ou si peu. Deux films, dont le documentaire tourné par le cinéaste Jürg Hassler. Je me souviens de l’avoir vu aux Journées du film suisse à Soleure en 1977. Bon Dieu que c’est loin! Je n’avais alors aucune idée de qui pouvait bien être le statuaire, dont le renom n’avait pas passé la Sarine.

Mais qui est au fait ce dernier? Un Allemand né dans une famille juive au mauvais moment. En 1937, l’élève obtient une bourse artistique qu’il ne peut pas toucher. Il part néanmoins pour l’Italie, qui adopte cependant les «lois raciales» un an plus tard. L’adolescent en fuite se retrouve à Genève, puis à Zurich. D’abord interné. Le sculpteur Otto Müller l’accueille à Zurich, où il le prend pour élève. En 1943, son pupille ouvre son propre atelier. Là, il se trouve vraiment au bon endroit. La Suisse voit travailler pendant la guerre Germaine Richier, Alberto Giacometti, Fritz Wotruba ou Marino Marini, fers de lance de la sculpture métallique moderne. Josephson essentialise la forme, sans jamais devenir pour autant abstrait. Il ne renoncera jamais aux modèles, d’où du reste quelques petits problèmes de vie privée. L’étranger germanophone s’intègre assez vite. Naturalisation en 1964 et commandes officielles. Lui manquera toujours le rayonnement à l’extérieur. Sa première grande rétrospective extérieure aura lieu au Stedelijk Museum d’Amsterdam en 2002 seulement. C’est tout à la fin qu’une nouvelle génération se réclamera de lui. Les Fischli/Weiss notamment.

L’œuvre de Josephson n’offre rien de facile, ni d’agréable. S’il admirait Aristide Maillol pour son emploi neutre de la figure féminine, ses fontes ne possèdent pas le côté lisse et onctueux de celles du Français. Elles se révèlent rugueuses, mates et un peu pauvres, à la limite de l’informe. La matière première n’en est du reste pas le bronze, mais le laiton. Ces statues exigent un effort du regardeur, même si leur disposition au Musée d’art moderne de la Ville de Paris séduit en dépit de l’austérité voulue. Elles s’accordent d’ailleurs au goût de notre temps. Je viens ainsi de lire sur le site de Thaddaeus Ropac que le Metropolitan Museum de New York a acquis en 2024 une pièce importante du Zurichois d’adoption. Or le «Met», ce n’est pas franchement l’avant-garde. On aurait plutôt songé au MoMA. Un tardif phénomène de normalisation?'

 

Translation 

Born in Germany, the sculptor worked in German-speaking Switzerland from 1940 until his death in 2012. He slowly became an international celebrity.

He was a collateral victim of the atomic bomb. The Musée d'art moderne de la Ville de Paris opened two exhibitions simultaneously on 11 October, as is often the case. The larger exhibition is supposed to feed the smaller one, located under the roof, in public. As there aren't many people down there at the moment, it stands to reason that no one has come to discover the sculptor Hans Josephson, described here as ‘Swiss’. As the man was born in 1920 in Königsberg, which the Soviets turned into Kaliningrad in 1945, he was described as ‘Russian’ when the Venice Biennale held a small retrospective of his work in 2013, a few months after his death in Zurich. Held in the Arsenale, the tribute was a landmark event for an artist who had struggled to make an international breakthrough.

Defended by Albert Oehlen

Josephson's first major exhibition was in Paris, where he was posthumously defended by the gallery owner Thaddaeus Ropac. It should be noted, however, that the artist has a godfather here, as he is presented by the painter Albert Oehlen, who has been appointed curator. It's not the first time he's taken on this role. I told you about the presentation of his own collection that the German organised at MASI in Lugano in 2021. With his wife, Oehlen also owns the only Josephson piece on display that is not from the Kesselhaus in St. Gallen, where most of the artist's work is housed, even though he has another private museum in Ticino. The presentation he wanted in Paris is sober, to say the least. All white walls. Little or no text. Two films, including the documentary shot by filmmaker Jürg Hassler. I remember seeing it at the Swiss Film Days in Solothurn in 1977. God, that was a long time ago! At the time, I had no idea who the statuary artist was, whose reputation had not spread beyond the Sarine.

But who was he anyway? A German born into a Jewish family at the wrong time. In 1937, the student was awarded an art scholarship that he was unable to collect. He nevertheless left for Italy, which adopted the ‘racial laws’ a year later. The teenager on the run ended up in Geneva, then Zurich. First interned. The sculptor Otto Müller took him in as a pupil. In 1943, his pupil opened his own studio. This was the right place for him. During the war, Germaine Richier, Alberto Giacometti, Fritz Wotruba and Marino Marini, spearheads of modern metal sculpture, were working in Switzerland. Josephson essentialized form, without ever becoming abstract. He never gave up on models, which explains a few problems in his private life. The German-speaking foreigner integrated fairly quickly. Naturalisation in 1964 and official commissions. He still lacked external exposure. His first major outdoor retrospective was held at the Stedelijk Museum in Amsterdam in 2002. It was at the very end that a new generation would claim him as their own. Fischli/Weiss in particular.

There is nothing easy or pleasant about Josephson's work. Although he admired Aristide Maillol for his neutral use of the female figure, his fonts do not have the smooth, unctuous quality of those of the Frenchman. They are rough, matt and a little poor, bordering on shapeless. The raw material is not bronze, but brass. These statues require a great deal of effort on the part of the viewer, even if their arrangement in the Musée d'art moderne de la Ville de Paris is appealing despite the intended austerity. What's more, they are in tune with the tastes of our time. I have just read on the Thaddaeus Ropac website that the Metropolitan Museum in New York has acquired a major work by the Zurich-born artist in 2024. But the Met isn't exactly avant-garde. We would have thought more along the lines of MoMA. A belated phenomenon of normalisation?

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