Image: Irving Penn: The Bath
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Irving Penn: The Bath 'When nudity faces censorship'

17 October 2023
Paris Marais

Connu pour ses photos de mode, ses portraits ou encore ses natures mortes, Irving Penn dévoile une nouvelle facette de son art avec sa série photographique The Bath. La galerie Thaddaeus Ropac l’accueille du 23 septembre 2023 au 30 novembre 2023.

By Lucie Guillet

Irving Penn, photographe emblématique, cache encore certaines parties de son travail. Il est vrai que lorsque son nom est évoqué, nous viennent en tête de célèbres photos – comme un portrait de Dalí ou encore des photos de mannequins, dont sa femme, Lisa Fonssagrives, vêtues des plus grandes maisons de luxe en Une de Vogue –, mais l’art d’Irving Penn ne semble pas avoir de limite. C’est à l’occasion d’une exposition à la galerie Thaddaeus Ropac que l’on découvre une nouvelle facette du défunt artiste. Une série de photographies beaucoup moins connues qui a pourtant fait polémique dans une époque en pleine évolution qui voit se confronter la jeunesse débridée à la société des années 1960.

Au temps de la pleine liberté

L’homme se rend à San Francisco à la fin des années 1960 alors que la ville est le centre névralgique de la nouvelle culture américaine, celle qui prône l’amour, la communauté, l’altruisme et le mysticisme. C’est « l’été de l’amour » en 1967 aux abords du Golden Gate, des jeunes de tout le pays s’y retrouvent, attiré·es par cette contre-culture. Fasciné par cette nouvelle vague de pensées, Irving Penn y voyage pour réaliser une série de portraits documentaires destinée au magazine Look. Son but : « regarder les visages de ces nouveaux·lles habitant·es de San Francisco à travers un appareil photo dans un studio à la lumière du jour, sur un fond simple, loin de leurs propres circonstances quotidiennes ». C’est lors de ce séjour dans la Bay Area qu’Irving Penn finit par se concentrer sur le travail révolutionnaire de la chorégraphe américaine Anna Halprin. Issues d’une collaboration avec le Dancers’ Workshop de San Francisco, ce sont quatorze images qui composent cette série : The Bath – éponyme de la chorégraphie d’Anna Halprin. Irving Penn a photographié les six danseurs·ses réalisant en temps réel la danse. Des corps nus et des poses sensuelles composent les clichés semblant parfois rappeler certaines peintures de la renaissance dans leurs structures.

Une collaboration entre deux artistes qui ne se sont pourtant jamais réellement rencontré·es. En admiration devant le travail de Anna Halprin, le photographe se verra refuser la publication du projet jusque dans les années 1990. L’Amérique puritaine n’était pas prête à accueillir ces photos de nus qui prônent liberté et avangardisme. Pour Marcus Rothe, en charge de l’exposition, « bien que beaucoup moins connu, cela reste un travail dans la lignée de l’artiste : fonds en toile neutre, lumière naturelle, un travail de studio » qui fait de l’homme une référence du genre.

Cette exposition est une jolie manière de découvrir un nouveau pan du travail d’Irving Penn jusqu’au 30 novembre 2023.

 

Translation:

Known for his fashion photographs, portraits and still lifes, Irving Penn reveals a new facet of his art with his photographic series The Bath. The Galerie Thaddaeus Ropac is hosting the exhibition from 23 September 2023 to 30 November 2023.

Irving Penn, the iconic photographer, still conceals certain parts of his work. Admittedly, when his name is mentioned, famous photographs come to mind - such as a portrait of Dalí or photos of models, including his wife, Lisa Fonssagrives, dressed in the finest luxury houses on the cover of Vogue - but Irving Penn's art seems to have no limits. An exhibition at the Thaddaeus Ropac gallery reveals a new facet of the late artist. A much lesser-known series of photographs that caused a stir in an era that saw the unbridled youth of the 1960s confront society.

A time of great freedom 

Penn went to San Francisco at the end of the 1960s, a time when the city was the nerve centre of the new American culture, one that advocated love, community, altruism and mysticism. It was the 'Summer of Love' in 1967, on the banks of the Golden Gate, where young people from all over the country gathered, attracted by this counter-culture. Fascinated by this new wave of thought, Irving Penn travelled there to make a series of documentary portraits for Look magazine. His aim: "to look at the faces of these new residents of San Francisco through a camera in a daylight studio, against a simple background, far from their own daily circumstances". It was during this stay in the Bay Area that Irving Penn came to focus on the revolutionary work of the American choreographer Anna Halprin. Fourteen images from a collaboration with the Dancers' Workshop in San Francisco make up this series: The Bath - the eponym of Anna Halprin's choreography. Irving Penn photographed the six dancers performing the dance in real time. Nude bodies and sensual poses make up the shots, sometimes seeming to recall certain Renaissance paintings in their structures.

This was a collaboration between two artists who had never actually met. In admiration of Anna Halprin's work, the photographer was refused publication of the project until the 1990s. Puritan America was not ready to accept these nude photographs that advocated freedom and avangardism. In the words of Marcus Rothe, in charge of the exhibition, "although it is much less well known, it is still work in the tradition of the artist: neutral canvas backgrounds, natural light, studio work" that makes the man a reference of the genre.

This exhibition is a great way to discover a new facet of Irving Penn's work, on show until 30 November 2023.
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