Megan Rooney : Flyer and the Seed Review by Patrick Javault
Dans les propos sur sa peinture, Megan Rooney parle de familles d'oeuvres, de tableaux qui sont comme des personnages, mais aussi du climat et du monde autour d'elle, de tout ce qui nourrit en somme une oeuvre de nature abstraite mais qui n'écarte pas toute allusion figurative, tout lien avec la représentation. On retient surtout cette distinction qu'elle fait dans les étapes de son travail entre un temps de plongée à l'intérieur de la matière, un temps d'excavation et un dernier temps, dans lequel elle se sent plus proche de l'oiseau. Cette peinture a des qualités atmosphériques et géologiques, fruit d'un long travail avec différents médiums (huile, acrylique, pastel) mais aussi de procédures de ponçage et de rayure.
La peinture monumentale à dominante bleu azur qui rayonne dans la plus grande salle de la galerie marque à la fois un horizon et un point limite de l'extension de la peinture sur toile vers le mural pour lequel Megan Rooney est également connue. Dans sa façon de procéder par accumulation d'expériences, de sensations et de réminiscences, quelques traits, fins comme une esquisse, viennent parfois contenir le sentiment d'expansion infinie. Ainsi, dans The Flyer and the seed, on voit, à nouveau sur fond d'azur, des balayages horizontaux, presque des frottages, beiges, rouges, orangés, plus épais en bas et évanescents dans la partie haute. À ce délicat équilibre entre ce qui semble venir du sol et ce qui semble venir du ciel, s'ajoutent de fines lignes verticales bleu foncé légèrement incurvées, qui suggèrent un volume et un mouvement ascensionnel. Ces traits rythmiques plutôt que constructifs nous font un peu mieux comprendre ce devenir oiseau qui fait dire à l'artiste : « je veux voler près de la surface à la recherche d'endroits où me poser. »
Du 11 mars au 22 avril 2023, Galerie Thaddaeus Ropac, 7 rue Debelleyme, 75003 Paris
By Patrick Javault