Image: David Salle tinges his paintings with melancholy
David Salle, January 2023. Photo by Charles Duprat
Featured in Le Monde

David Salle tinges his paintings with melancholy Portrait of the American artist

29 January 2023
Paris Marais

De Philippe Dagen

Les tableaux récents de David Salle ne peuvent que surprendre ceux qui connaissent les compositions qui lui assurèrent une notoriété internationale à ses débuts, dans les années 1980. (...) Ses toiles rassemblent de multiples parties et formes, juxtaposées ou superposées. La diversité des styles figuratif et abstrait qu’il sait employer simultanément et les citations venues des musées autant que de la photographie et du cinéma rompent avec la rigueur, devenue monotone, des minimalismes et conceptualismes de la décennie précédente. 

Quarante ans après ses débuts, il montre la série nommée Tree of Life, dans laquelle le tronc et les branches d’un arbre occupent le centre de l’œuvre. Cette répétition systématique étonne, tant elle contraste avec la variété extrême d’autrefois. (...) 

Sa dextérité est donc aussi remarquable que jadis. Aussi n’est-ce pas elle qui retient l’attention, mais les changements : la répétition de l’arbre, le découpage en deux parties et la tonalité des œuvres. En dépit des couleurs chatoyantes et du côté humoristique des situations dessinées par Arno en son temps, celle-ci est grave, presque mélancolique. Ce que Salle est loin de nier.

« Il y a sans doute en effet un climat émotionnel particulier. Vous dites dépressif, je dirais plutôt dépressif et drôle à la fois. » Serait-ce dû aux saynètes ? Quand on lui fait remarquer que les sourires semblent trop larges pour être sincères, les colliers de perles trop gros, les costumes trop parfaits, l’artiste ne le nie pas non plus. « Oui, ce sont des conventions sociales. Ce que l’on appelle aux Etats-Unis “performative happiness”, “surjouer le bonheur”. »

(...) 

L’insistance qu’il met à rappeler que le processus créatif lui échappe pour partie conduit à la question de l’évolution de son travail. Il n’y croit pas. « Quand je regarde mes peintures d’autrefois, il me semble que je cherchais déjà un état maximal de réceptivité et d’intensité. Je voulais aller au-delà du quotidien, du banal. » Ce qui n’a pas été compris et lui a valu d’être étiqueté « postmoderne ».

« Il y a eu beaucoup de malentendus à ce moment-là, à commencer par mon succès. Après une deuxième moitié des années 1970 extrêmement morne et sans invention, les gens – collectionneurs, galeristes, conservateurs – voulaient autre chose : ils voulaient des images, des images immédiates. Si l’on s’aperçoit aujourd’hui, en raison de ce que je peins maintenant, que les miennes n’étaient pas si simples, c’est bien. »

« Tree of Life, This Time With Feeling », Galerie Thaddaeus Ropac.7, rue Debelleyme, Paris 3e. Du mardi au samedi de 10 heures à 19 heures. Jusqu’au 4 mars.
Atmospheric image Atmospheric image
Atmospheric image Atmospheric image
Atmospheric image Atmospheric image